A vouloir comprendre l'oeuvre camusienne, il nous semble que Théatre ce soir représente une allégorie nodale, se révèle enblème, syptomatique, même matricielle.
Car, de par leur nature figée, leur fonction symbolique, les personnages de cette pièce forment une somme de métonymies, parties dont le tout serait Camus lui-même. Une pièce de thétre comme microcosme égotiste omniscientiste.
Hyperboles, oxymores, pléonasmes, antinomies, mais métonymies, quand bien même par la négative.
Théatre ce soir : Camus ici aujourd'hui.
Car, de par leur nature figée, leur fonction symbolique, les personnages de cette pièce forment une somme de métonymies, parties dont le tout serait Camus lui-même. Une pièce de thétre comme microcosme égotiste omniscientiste.
Hyperboles, oxymores, pléonasmes, antinomies, mais métonymies, quand bien même par la négative.
Théatre ce soir : Camus ici aujourd'hui.
Commençons par voir le décor.
Stéréotypé (vaudeville bourgeois), médiatisé (n'oublions pas que Théatre ce soir était une émission télévisée) et caduque (en ce qu'il est conforme au stéréotype).
Notre société d'aujourd'hui, donc..
Personne ne se parle, personne n'écoute l'autre. Vaines ratiocinations. Fantasmes dans l'impasse de l'en-soi et du non-dit.
Stéréotypé (vaudeville bourgeois), médiatisé (n'oublions pas que Théatre ce soir était une émission télévisée) et caduque (en ce qu'il est conforme au stéréotype).
Notre société d'aujourd'hui, donc..
Personne ne se parle, personne n'écoute l'autre. Vaines ratiocinations. Fantasmes dans l'impasse de l'en-soi et du non-dit.
Les personnages, maintenant.
Le père.
Camus tel qu'il aurait pu être s'il avait suivi la convention, sans la liberté qu'il a conquise. L'anti-Camus d' Incomparable. Nous avons déjà abordé la question ici.
Camus tel qu'il aurait pu être s'il avait suivi la convention, sans la liberté qu'il a conquise. L'anti-Camus d' Incomparable. Nous avons déjà abordé la question ici.
La bonne.
L'obsession de Camus, celui, entre autres, du Répertoire des délicatesses du français contemporain. Camus peut-être tel qu'il se sent, ou tel qu'il veut se montrer : relégué en bas de l'échelle et du regard sociétaux, par ou malgré son obstination à lutter pour le maintien d'un langage riche, correct et maîtrisé. Renversement des valeurs.
L'obsession de Camus, celui, entre autres, du Répertoire des délicatesses du français contemporain. Camus peut-être tel qu'il se sent, ou tel qu'il veut se montrer : relégué en bas de l'échelle et du regard sociétaux, par ou malgré son obstination à lutter pour le maintien d'un langage riche, correct et maîtrisé. Renversement des valeurs.
La mère.
Organique. Seul personnage "crédible", ancrée dans son temps (la bourgeoisie de gauche, presque un pléonasme aujourd'hui). Le contraire des opinions politiques de Camus, ce contre quoi il lutte. La mère : ce que combat Camus ?
Organique. Seul personnage "crédible", ancrée dans son temps (la bourgeoisie de gauche, presque un pléonasme aujourd'hui). Le contraire des opinions politiques de Camus, ce contre quoi il lutte. La mère : ce que combat Camus ?
Le fils.
L'autre combat camusien, l'autre adversaire, le langage immonde. Le fils comme « prolétarisation » (selon sa terminologie) du langage. Camus ou le refus d'être fils ?
L'autre combat camusien, l'autre adversaire, le langage immonde. Le fils comme « prolétarisation » (selon sa terminologie) du langage. Camus ou le refus d'être fils ?
La fille.
Le savoir poétique par le goût des citations. Le patrimoine littéraire. Ce à et sur quoi veille Camus. Mais Camus n'est pas et ne sera jamais fille. La fille est à la mode (gothique). Camus ne sera donc jamais à la mode, donc jamais dans le désir populaire contemporain.
Le savoir poétique par le goût des citations. Le patrimoine littéraire. Ce à et sur quoi veille Camus. Mais Camus n'est pas et ne sera jamais fille. La fille est à la mode (gothique). Camus ne sera donc jamais à la mode, donc jamais dans le désir populaire contemporain.
Ahmed.
La recherche généalogique, l'obsession de la légitimité, la question de la filiation, le conflit organique/convention. Par un étranger. Camus, de par son attachement à l'Histoire, est étranger dans son propre Pays.
La recherche généalogique, l'obsession de la légitimité, la question de la filiation, le conflit organique/convention. Par un étranger. Camus, de par son attachement à l'Histoire, est étranger dans son propre Pays.
Le Christ.
Inintelligible. Sauf quand est évoquée son origine. Il devient alors le seul personnage à s'adresser aux autres. Sa divinité tombe. Il veut exister, se faire comprendre.
Le créateur doit, désire exister, être parmi nous. Camus aussi.
Inintelligible. Sauf quand est évoquée son origine. Il devient alors le seul personnage à s'adresser aux autres. Sa divinité tombe. Il veut exister, se faire comprendre.
Le créateur doit, désire exister, être parmi nous. Camus aussi.
Encore faudrait-il que, à son tour, il daigne écouter et entendre ce que nous avons à lui dire.
Le rideau pourrait alors rester ouvert.
Le rideau pourrait alors rester ouvert.
Le veut-il ?...
Théatre ce soir n'est-il pas la réponse à cette question qui embarassa tellement Camus ?
La convention dans le langage n'est plus culturelle, ne trouve plus ses racines dans les classes sociales, le patrimoine, n'est plus transmise par la filiation, elle est immanentisée, soumise à la mode (le fils) ou reléguée en bas de l'échelle sociale (la bonne).
Le soi-mêmisme n'est plus qu'apparence, et apparence contradictoire, qui ne révèle en rien l'être.
Hermogène et Cratyle se tiennent la main, triomphent ensemble, lorsque Cratyle devient Hermogène, c'est-à-dire lorsque la nature de l'être devient l'être nature, convention pure, c'est-à-dire un non-être.
Le Christ n'est pas à sa place dans Théatre ce soir.Non seulement il ne connait pas l'appartement de la famille bourgeoise, mais il n'y est ni invité, ni attendu, ni remarqué. Mais il n'est pas non plus intelligible pour les lecteurs (et spectateurs), quel que soit leur "niveau syntaxique".
Peut-être donc est-il le seul personnage à ne faire partie de la Pièce que pour montrer qu'il n'en fait pas partie.
La présence inadéquate comme présence de l'absence. Mais pourquoi inadéquate ? Car non désirée. "Notre" quotidien est sans Dieu, sans Sur-Moi, le "Père" n'a rien d'autoritaire, de paternaliste, ce pourrait tout aussi bien être le "Fils", seuls les noms permettent de deviner un visage, le "Nom du Père" est vide, n'est plus que pure convention terminologique, tout le monde est seul, livré à de vains fantasmes, ratiocinations et citations jetées comme bouteilles dans l'océan de la schizophrénie.
Là où cette Pièce aurait pu se limiter à ce constat, elle dévoile en fait un pessimisme terrible : la réflexion sur la légitimité de la filiation (Nature et Culture) fait réagir le Christ, et le Christ se fait, alors, comprendre (« Oh oh... »), répondant directement au discours qui précède son intervention : le Christ devient comme nous, et perd toute légitimité, pour le coup. « Le rideau tombe violemment. » Dieu est mort. Regardez l'Humanité maintenant.
Il me semble que le Christ de Théatre ce soir fait bien pire que se contenter de constater les dégâts : il finit par succomber à leur prosaïsme.
« Qui d'ailleurs n'avait jamais touché sa femme et dont personne n'a jamais cru une seule seconde qu'il était le père de leurs onze enfants, et pour cause »
Puis « C'est comme le Christ et Saint Joseph. »
Là le Christ répond, on a touché le point névralgique : Fils de Dieu ou Fils de Joseph ? Réponse toute trouvée : non pas dans les termes de la réponse, mais dans l'efficience, l'existence, la présence d'une réponse. Jésus par là même devient homme, donc, rétroactivement, fils de Joseph.
Théatre ce soir : ou la présence d'une réaction comme absence de Présence (divine). La révélation de l'être-là comme fatalité de l'impossibilité d'au-delà.
Puis « C'est comme le Christ et Saint Joseph. »
Là le Christ répond, on a touché le point névralgique : Fils de Dieu ou Fils de Joseph ? Réponse toute trouvée : non pas dans les termes de la réponse, mais dans l'efficience, l'existence, la présence d'une réponse. Jésus par là même devient homme, donc, rétroactivement, fils de Joseph.
Théatre ce soir : ou la présence d'une réaction comme absence de Présence (divine). La révélation de l'être-là comme fatalité de l'impossibilité d'au-delà.
« Le sens, de même, histrion en voyage, se reconnaît à cela qu'il s'éloigne de nous, indéfiniment, qu'il s'écarte aussi débusqué. Et pourtant « la façon dont on parle, c'est cela l'éthique » : ainsi s'achève Le Langage et la Mort. Mais que peut-il en être des peintres, alors, des sculpteurs et des "plasticiens", qui ont fait une croix sur la parole ? » [1]
Comment ne pas voir en ce passage une introduction, une sorte de genèse de Théatre ce soir ?
« la façon dont on parle, c'est cela l'éthique »
Démonstration a contrario de Théatre ce soir : les personnages parlent tous à l'inverse de ce que leur corps social, leur apparence, leur statut social le laisserait présager.
Démonstration a contrario de Théatre ce soir : les personnages parlent tous à l'inverse de ce que leur corps social, leur apparence, leur statut social le laisserait présager.
« Mais que peut-il en être des peintres, alors, des sculpteurs et des "plasticiens", qui ont fait une croix sur la parole ? »
Le Christ de Théatre ce soir lui-même n'a-t-il pas fait une croix sur sa parole (lui qui porte la sienne tel un fardeau) ?
Et l'écrivain, dès lors, n'est-il pas celui qui ôte la croix de la parole, en montrant ce qu'elle est, ici, aujourd'hui ? — inadaptée.
Et n'est-il pas, même, celui qui fait une croix de la parole ( le désormais fameux on ne peut plus rien dire du tout) ? — le sens crucifié sur l'autel des lieux communs.
Le Christ de Théatre ce soir lui-même n'a-t-il pas fait une croix sur sa parole (lui qui porte la sienne tel un fardeau) ?
Et l'écrivain, dès lors, n'est-il pas celui qui ôte la croix de la parole, en montrant ce qu'elle est, ici, aujourd'hui ? — inadaptée.
Et n'est-il pas, même, celui qui fait une croix de la parole ( le désormais fameux on ne peut plus rien dire du tout) ? — le sens crucifié sur l'autel des lieux communs.
« En fait ils avaient tout vu, tout ce qu'il y avait à voir, mais ils n'avaient rien vu. Ils avaient vu, ou croyaient avoir vu, qu'il n'y avait rien. » [2]
Il ne s'agit pas des apôtres, mais de plusieurs visiteurs du château de Plieux. Il pourrait tout aussi bien s'agir de spectateurs de Théatre ce soir : il n'y a pas d'action, il n'y a même pas de dialogue : il s'agit bien d'une oeuvre sacrée, où le dramaturge « a quelque chose à voir avec Ce qui n'a pas de nom » [3], certes, mais aussi ce qui est indicible : le Christ est inaudible, inintelligible.
Il ne s'agit pas des apôtres, mais de plusieurs visiteurs du château de Plieux. Il pourrait tout aussi bien s'agir de spectateurs de Théatre ce soir : il n'y a pas d'action, il n'y a même pas de dialogue : il s'agit bien d'une oeuvre sacrée, où le dramaturge « a quelque chose à voir avec Ce qui n'a pas de nom » [3], certes, mais aussi ce qui est indicible : le Christ est inaudible, inintelligible.
Comment pourrait-il en être autrement dans notre monde désacralisé, où chaque espace et où chaque moment de Rien est pourchassé, honni, rempli ?
Seul l'artiste, seul l'écrivain peuvent resacraliser notre monde, redonner à voir le Rien, nous le faire sentir si proche, si intime, si désirable : en donnant du sens aux sens, en donnant des mots aux maux.
En nous faisant voir et entendre ce qu'il peut y avoir dans ce Rien, condition nécessaire de toute vie.
En nous faisant voir et entendre ce qu'il peut y avoir dans ce Rien, condition nécessaire de toute vie.
5 commentaires:
Avoir raison de rêver d'en pincer pour ce que nous avons à dire ou redire.
« la façon dont on parle, c'est cela l'éthique »
Je vous sacre sacre sacré et vous consacrerai des secondes sacrément suivies si du haut de votre sacrum vous désacralisez les artistes et resacralisez le MONDE.
N'êtes vous pas artiste, vous-même, Madame ? (avec ces pseudos on ne peut être sûr de rien...)
Et puis : moi, resacraliser le monde ? Vous êtes vraiment très magnanime.
Succès damné d'artiste du dimanche (et du lundi !)sans doute.
Oui vous et le monde, sacrés.
Moqueuse Madame...
Magnanime Moqueuse Madame mmm...
Les enfants et les chiens qualifiés de la même année, sont nommés: Mael,Mathilde et Marine ou Medor, Montgomery et Minou! L'année nominera Labeuche, Li bai, Lanoye.
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