mardi 25 août 2009

Fini

Bon.
Ce blog est un échec. Tenir ce blog m'emmerde. La seule chose qui me procura du plaisir fut les commentaires que je reçus. C'est tout.
Je n'ai jamais su que faire de ce blog. Et je n'ai pas envie d'être obscène, voyeur ou exhibo (il y en suffisamment qui le font).
Alors j'arrête. Je ne dis pas que je n'en tiendrai jamais un autre, sous une autre forme, mais là, c'est fini.
Je vous remercie, vous tous (sauf une) d'être passés m'écrire des choses, cela m'a vraiment fait chaud au coeur.

samedi 22 août 2009

Poubutch

Quelle fatuité que ces blogs !...

Il est désormais évident que mon blog sera ma poubelle. Je ne la nettoierai jamais. Je pisserai et je chierai dedans, à l'occasion. Je m'émerveillerai d'y voir passer des personnes que je n'ai jamais vues de ma vie, qui y laissent une trace, qui poussent la mansuétude jusqu'à me dire des choses, après avoir pris la peine, oui, la peine, de voir ce qu'il peut y avoir dans cette poubelle.

Aucun blog ne pourra jamais être littéraire. La littérature est le contraire exact de la communication, ce à quoi se borne un blog, sa fange, en même temps que son délice, dans quoi je me vautre.

mercredi 19 août 2009

Variation autour de "La chambre bleue"

Le soleil dégueulait contre les murs. Le vacarme étouffé du quotidien parvenait avec peine jusqu'à eux, dans cette chambre bleue. Aucun des deux ne parlait.
Sur le lit dépenaillé, gisait, les yeux mi-clos, immobile et silencieuse une femme brune, nue, dont les cuisses écartées offraient au regard une chagatte dégoulinante de foutre, charnue et sirupeuse.
L'homme hagard, debout et innocent, contemplait avec une hébétude mêlée d'orgueil ce qu'il voyait être une extension de son être, un appendice béant, une métastase de son âme.
Il ne savait pas encore que, dans ce tableau naîf, il se perdrait à jamais.

dimanche 16 août 2009

Exotisme ontologique

Sortir de soi, oui.
Sortir de soi, la mission de l'art, le but de la vie, la raison de l'existence. Je veux bien. Je le veux tout à fait, même.
Mais pour sortir de soi, encore faut-il y avoir été, en soi.
Et c'est bien là mon problème : je crois bien ne m'être jamais vraiment habité. Je a parasité moi, moi a flirté avec je et le cherche.
Mais sortir de soi, après...

samedi 15 août 2009

Sur un apparent paradoxe

On a souvent tendance à dire que le plaisir procuré par la lecture de l'oeuvre de Renaud Camus tient à la possibilité de projection et d'identification du lecteur à cette oeuvre (surtout concernant le Journal) et donc à son auteur (puisqu'il en est la matière première et souvent l'objet).
« Oh ! Il a des labradors, moi aussi ! Ouh là là ! Il aime caresser des torses velus, moi aussi ! Fichtre ! Il a horreur de l'odeur des oranges, comme moi ! Etc. »
Ce plaisir-là existe, cet effet miroir, cette satisfaction de se sentir exister par-delà soi, très gratifiante et confortable, c'est indéniable.
Mais beaucoup plus mystérieux est ce sentiment d'accointance à l'égard d'expériences, sentiments et désirs en tout opposés à ce que l'on est.
Moi, Pascal Labeuche, n'ai jamais eu de chien, n'aime rien tant que la douceur imberbe d'une poitrine féminine et l'odeur des oranges est une des plus exquises que je connaisse.
Et pourtant, je ne peux m'empêcher de prendre un immense plaisir lorsque je lis Camus nous raconter par le menu ses aventures canines, homosexuelles et olfactives (pour ne parler que d'elles).
« Oui, c'est vrai ça, c'est écoeurant cette odeur d'orange dans cette salle de concert (moi qui rêverais d'écouter Bach avec un parfum d'orange !), c'est émouvant cette promenade quotidienne avec ses chiens (moi qui trouverais vite "rengaine" ce devoir ingrat), c'est enthousiasmant ce frottage de bite contre le corps (moi qu'un simple contact physique un peu trop rapproché et pourtant fortuit avec un homme rebute) » !
C'est que, paradoxalement, la précision farouche de l'écriture camusienne transcende son objet : c'est cela, la littérature, il me semble. Le particulier érigé en universel. Le transcendement permanent. Une orange, écrite, est toujours une orange : mais une orange comme on n'en a jamais vu, en même temps qu'une orange qu'on a toujours eue sous les yeux mais qu'on n'a vraiment jamais vue; l'orange qu'on veut, qu'on croit vouloir, mais qui n'existerait pas sans son auteur.
Inutile, dès lors, de se demander pourquoi cet auteur peut susciter autant d'intensité passionnelle : par lui, c'est de chacun de nous qu'il parle. En lui, c'est donc nous que nous cherchons. Par la littérature. Par sa littérature.

mardi 11 août 2009

Les doutes à Beubeuche

Je suis sans doute un âne, mais je ne comprends pas vraiment de quelle nature relèvent les échanges et enjeux sur l'internet.
Les insultes y vont bon train, cinglantes, radicales, sans appel souvent, sans motif parfois, entre personnes ne s'étant pas forcément vues, et qui, quelques heures après, peuvent se retrouver ailleurs sur la Toile ou au même endroit et discuter le bout de gras comme si, au fond, toute cette hargne passée ne les avait jamais concernés.
Moi, cela me consterne.
Car quel pouvoir veut-on ? Quel pouvoir peut-on raisonnablement chercher sur le web ? Il ne peut pourtant qu'être question de pouvoir (et ses succédanés et avatars : courtisanerie, entrisme, filtrage, jugements, etc...)
C'est comme si rien ne pouvait y aller sans hystérie, comme si l'immédiateté de son propos (celle avec laquelle on le balance, celle avec laquelle on le reçoit) alliée à l'absence de corps, de chair afférente ne pouvait que produire un affect hyperbolique, ostentatoire et inconséquent.

vendredi 7 août 2009

Préparez vos mouchoirs

Il est de mon devoir d'éminent blogueur d'avertir mes nombreuses admiratrices (et admirateurs, ne soyons pas vaches) que pendant trois jours, oui, trois jours, ce blog va estiverner.

Je sais, le choc doit être rude à encaisser, trois jour sans Beubeuche, perso, je ne pourrais pas.

Mais il va falloir vous y faire : je ne peux être à tous. Je suis comme Dieu : j'ai cessé de croire en lui le jour où je me suis rendu compte qu'il appartenait à tout le monde.

jeudi 6 août 2009

Jeudi 6 Août

En quoi suis-je à ce point détestable ?
C'est curieux, Internet : ça m'a appris que j'étais détestable.
Alors je me pose une question : Est-ce bien de moi qu'il s'agit ? Car, Dieu merci, je n'attire pas cette haine dans la vie réelle, dans mes rapports quotidiens.
Je serais déjà mort, sinon.

mardi 4 août 2009

Mardi 4 Août

La branlette intellectuelle comporte un atout indéniable : il n'y a aucune éjaculation.
L'orgasme est donc garanti sans interruption.

lundi 3 août 2009

Lundi 3 Août

Je ne sais toujours pas quoi faire de ce blog.

Ce que je sais, c'est que, quelle que soit sa forme et son contenu, il parlera toujours de moi.
Je suis exaspéré par ces blogs qui prétendent détenir une vérité sur tout, l'actualité, la burqa, la grippe, l'immigration, la déculturation, la culturation, la culotte de ta mère, la bitte de l'oncle, le trou du cul de sa chatte.
Si j'arrive un jour à devenir écrivain, je voudrais que l'on dise de moi : « Labeuche, celui qui n'a jamais su la vérité. »
C'est obscène, la vérité, de nos jours, à force.
Ce qu'il y a, là, ce qu'il y a, c'est tout. Et ce qu'il y a là, ma foi, eh ben c'est moi.

Le problème, c'est de savoir ce qu'il y a, en moi. Encore plus problématique est de voir. Là, c'est l'appel du vide, n'est-ce pas. On tombe, on souffre, alors on veut sortir.
Sortir, oui, sortir de moi, être tout, tout qui soit en moi, tout qui soit moi.

Là, au moins.

On comprend mieux, dès lors, la vacuité de ce blog...

vendredi 31 juillet 2009

Vendredi 31 Juillet

Aujourd'hui je ne peux pas. Désolé.

jeudi 30 juillet 2009

Jeudi 30 Juillet, encore

Après la lecture de L'Isolation, l'amateur de Renaud Camus s'inquiète : tout s'accélère.

Les diatribes contre l'appauvrissement de la langue française et contre la contre-colonisation se font plus ratiocinantes que jamais, débarassées de toute scorie, de tout enrobage, on les croirait faites pour un dernier tour de piste, comme pour se débarasser de leur objet, pouvoir enfin passer à autre chose.Ce qui était rédigé auparavant (comme par exemple dans Répertoire des délicatesses du français contemporain) devient ici, à la manière de Sade pour les crimes dans Les cent-vingt journées de Sodome et après Flaubert, une liste de mots traduits en parlure "petit-bourgeoise".Notre auteur a à peine le temps d'aller visiter des musées, villes et expositions : il en a encore moins pour nous le raconter.Même l'amour : les galipettes se font avant quelque documentaire diffusé sur Arte. Et la musique : pour rentabiliser le temps, on profite de la sortie des chiens pour en écouter, walkman vissé aux oreilles.

C'est que le temps s'accélère.« Il y a vingt ans j'étais à Rome, il me semble que c'était hier, ou plutôt ces vingt années ont passé presque sans laisser de traces. Dans vingt ans, si je vis jusque-là, j'entrerai dans le grand âge. [1]Laisser des traces, voilà le sens de la vie camusienne, tenir son Journal, déposer ses photos sur Flickr, annoter ses pochettes de disques, ses livres.Renaud Camus was here, Renaud Camus did it.Ne pas se laisser dévorer par le Temps.

Camus nous dit que ses accès de boulime coïncident avec une non-productivité.« Je crois que la vraie vie commence au moment où l'on n'est plus obligé de la gagner; quand le travail est une dépense, comme le sport, et non plus un indispensable revenu (...) » [2]Travailler, c'est dépenser, vider, épuiser, décharger, évacuer. Manger, c'est se remplir, se charger, compenser; et manger c'est éviter d'avoir à parler (cf. les toasts au tarama sur lesquels nôtre auteur se précipite en regrettant de devoir sacrifier à la discussion). Parler empêche de se remplir mais ne fait pas avancer le travail pour autant. En psychanalyse, la langue parlée, contrairement à l'écrite, c'est la mère. La langue maternelle, la mère, sont un obstacle à la création camusienne. Il faut aller la chercher à Royat, supporter ses caprices, sa parole dithyrambique sans espoir d'être écouté. Alors on essaie de se rappeler et de traduire des vers étrangers, histoire de se débarasser de cette langue maternelle (au sens littéral). On dépense l'argent qu'on n'a peut-être pas, on écrit onze heures par jour, on s'isole.

Et on fait tout pour expulser les mots, les maux, pour régler son compte à la vie, pour régler son compte aux jours, pour régler son compte au dit, aux non-dits, en épuisant les mots, jusqu'à la lie.

Notes
[1] Camus, L'Isolation, Fayard, 2009
[2] Camus, Qu'il n'y a pas de problème de l'emploi, p.30, P.O.L., 20

Jeudi 30 Juillet

« (...) la littérature telle qu'elle n'est pas nature, la littérature telle qu'elle est vérité parce qu'elle ne croit pas ce qu'elle dit; la littérature en tant qu'elle est nous-mêmes, parce qu'elle nous dit que nous ne sommes pas ce que nous disons, que nous ne disons pas ce que nous sommes, et que nous sommes ce qu'elle ne dit pas, c'est-à-dire ce qu'elle est. [1
Donc : la littérature est vérité en ce qu'elle ne croit pas ce qu'elle dit; c'est-à-dire nous-mêmes, qui sommes ce que nous ne disons pas, c'est-à-dire ce qu'elle est. Ce que donc elle seule est capable de dire.
Car n'oublions pas :
« En somme on ne peut plus rien dire du tout. Il n'y a que la littérature qui puisse dire, qui sache rétablir les mots dans leur sens, et les sens dans leurs mots. [2
Mais alors, si on ne peut plus parler, quid de ce forum et des interventions qui l'animent ?
Mensonge ? Littérature ? Autre chose ?

Notes

[1] Camus, Esthétique de la solitude, p.18, P.O.L., 1990
[2] Ibid., p.17

.

Mercredi 29 Juillet

« Les mots savent à peu près ce qu'ils disent, en général. On ferait mieux de les écouter un peu, pour changer. » [1]
« Certains mots non seulement sont incapables de signifier ce qu'ils veulent dire, mais même ils proclament involontairement tout le contraire de ce qu'ils énoncent. » [2]

A lire ces deux propositions ainsi juxtaposées, l'on pourrait croire qu'elles sont contradictoires.
Il n'en est rien; leur visée de même que leur sens sont identiques :
« En somme, on ne peut plus rien dire du tout. Il n'y a que la littérature qui puisse dire, qui sache rétablir les mots dans leur sens, et les sens dans leurs mots. »
Parler rate les mots, écrire les révèle.
Parler c'est révéler soi-même dans tout son mensonge. Ecrire, faire oeuvre littéraire, c'est révéler l'être, l'être des mots, l'être des choses, au risque de leurs mensonges.

Le Christ de Théatre ce soir est incapable de parler, c'est le seul.
Au commencement était le Verbe
Mais nous sommes à la fin. Dieu se tait. Nous parlons. Et l'écrivain écrit.

Notes

[1] Renaud Camus, Qu'il n'y a pas de problème de l'emploi, p.12, P.O.L., 2000
[2] Renaud Camus, Esthétique de la solitude, p.16, P.O.L., 1990

mardi 28 juillet 2009

Mardi 28 Juillet, encore

Tout d'abord, je suis, là, sur mon blog et donc, j'emmerde d'emblée toute personne qui pourrait se dire et me dire : « Oh là là ! il est encore en train de se lamenter sur son sort alors qu'on a rien à foutre de sa gueule ! »

Ce préambule étant posé, venons-en donc aux faits : toutes les dernières tentatives d'analyses que j'ai "publiées" sur le forum de la SLRC sont restées sans réponse.
Après l'indignation de certains (hyperbolique, superfétatoire et artificielle, m'est avis, mais bon), l'indifférence du mépris.
Si encore ce que j'y écrivais était nul, je comprendrais. Mais j'ai beau me relire, je ne trouve pas ça nul du tout.
Au contraire, j'ai même la faiblesse de penser que non seulement ces commentaires y ont tout à fait leur place, mais qu'ils devraient même y susciter de pertinents débats.
Que dalle. Et je ne comprends pas pourquoi. Et ça m'affecte. Et je ne peux plus rien y écrire. Et ça m'affecte.

Mardi 28 Juillet

J'ai l'impression, pour que ce blog existe, de devoir me violer. Et c'est très pénible.

lundi 27 juillet 2009

Lundi 27 Juillet

L'Isolation représente, à n'en point douter, un tournant capital dans le Journal de Renaud Camus.
Car jusqu'où va-t-il pouvoir se vider de la sorte ?

L'Isolation est le journal qui pousse la dépense camusienne à son paroxysme et place son auteur face au mur (non isolé, donc, par ironie, possibilité de s'échapper).
Dépense d'énergie (onze heures de travail sept jours sur sept, sans vacances), dépense d'argent (encyclopédies, travaux d'isolation, grand écran, câble, Audi...).
Cette frénésie "dépensiste" est le cadre idéal, dès lors, pour régler son compte aux mots. Les obsessions d'ordre politique (contre-colonisation, déclin de l'usage de la langue française, égalitarisme décadent, dégradation des paysages) sont ainsi enchainées (dans tous les sens du terme), ratiocinées, stigmatisées comme pour les évacuer, les exorciser. En sort une impression de tristesse : Renaud Camus n'a plus rien de nouveau à nous dire là-dessus, mais aussi d'espoir : à force d'être épuisées, ces considérations seront peut-être transfigurées.
Une assez grande tristesse nous saisit à la lecture de cet ouvrage : Renaud Camus écrit comme enfermé, renfermé. Plus de temps. Plus d'ailleurs.
On souffre littéralement de le "voir" transi de froid, inquiet pour ses finances, persuadé de ne pouvoir écrire que pour lui et de rares lecteurs (c'est lui qui le dit, pas moi). A tel point que l'on éprouve la désagréable impression que, parfois, il n'écrit quelques pages de ce Journal que pour lui (cf. les pages mortifères à propos de ses consultations encyclopédiques).

Cependant, paradoxalement, le plaisir que procure L'Isolation est immense.
C'est que l'on a affaire à une oeuvre littéraire qui est en-deçà ou au-delà de la littérature, et en ce sens d'une sincérité vertigineuse.
Et l'on se dit, dès lors, qu'une nouvelle idée de la littérature prend forme (depuis longtemps préparée), et que cette grande saignée va être hautement régénératrice.

dimanche 26 juillet 2009

Aux âmes cultivées, charitables et de passage

Pourriez-vous me conseiller :

- un ouvrage vulgarisateur d'astronomie de qualité (traitant particulièrement des trous noirs et de l'infini de l'univers)
- une Histoire de France (la meilleure possible)

Merci !

samedi 25 juillet 2009

Samedi 25 Juillet

Voilà vingt-deux jours exactement que je ne fume plus.
Il ne faut pas compenser. Il faut se colleter au manque, le regarder en face, l'assimiler, l'ingérer, savoir qu'il sera nôtre jusqu'à ce qu'on crève.
Il faut l'aimer, ce manque. Il ne faut pas l'esquiver, ni le prendre pour autre chose. Il faut l'appeler par son nom, il faut y penser, il est inutile et absurde de penser qu'il peut disparaître.
Seul le vide est éternel.

Ce n'est pas la cigarette qui crée le manque, c'est le manque qui crée la cigarette.
La cigarette, la bouffe à outrance, l'alcool, les anxiolytiques.

Le temps dans lequel on ne peut pas s'installer, l'espace dans lequel on se cogne.

Remplissage, occupations gestuelles, état végétatif : les trois mamelles de l'ennui, cette substance enveloppante, visqueuse et vitale dans laquelle nous ne pouvons que... vivre.

vendredi 24 juillet 2009

Vendredi 24 Juillet

Je n'ai pas encore lu "De la France" (dont j'admire l'élégance de la typographie et la finesse des pages).
Il est évident que j'aime les réactionnaires, que Camus et Cioran en sont, que, comme j'essayais de le montrer sur la SLRC dans un petit message, des cioranophiles politicophages pouvaient être attirés vers les sirènes in-nocentistes, mais il me semble également évident que Cioran, en tout cas le Cioran "français" ne s'est jamais fourvoyé à créer ou sombrer dans un parti : son irréductibilité à tout groupe a fait sa grandeur : toutes ses saillies d'ordre politique ("Histoire et Utopie" par exemple) sont de grandes oeuvres littéraires.
Alors que le parti de l'in-nocence, s'il n'est pris comme un vaste foutage de gueule (ce qui a son charme, et son forum, quoique rébarbatif, peut être amusant et instructif) n'honore en rien Camus : la systématisation d'une pensée l'a toujours appauvrie. Autant je peux comprendre le désir voire le sentiment de nécessité camusiens en 2002 pour se défendre, pour pouvoir exister médiatiquement, autant ce parti me semble, pour lui, en 2009, une impasse, et une cristallisation de nombre de ses contradictions (il est par exemple hilarant de lire dans "L'Isolation" son mail à David Kersan lui disant qu'il n'a jamais fait partie de quelque groupe que ce soit - tu parles, Charles !)

jeudi 23 juillet 2009

Jeudi 23 Juillet

« Il est incroyable que la perspective d'avoir un biographe n'ait fait renoncer personne à avoir une vie. » [1]

J'ai toujours perçu le Journal comme étant l'antidote que Camus a trouvé pour lutter contre l'effroi cioranien :

« Le journal, par définition, est la forme littéraire où sont le plus près d'être une même chose écrire et être – être et peindre aussi bien, car on peut supposer qu'il en va de même en peinture. J'aime à parler de graphobie, qui serait l'inverse de la biographie, plutôt le fait d'écrire sa vie, de la diriger comme une phrase, de la composer comme un livre, et ses journées, ses heures, comme autant de chapitres ou de paragraphes, d'entrées. » [2]

Le Journal comme vie qui raconte le Journal, pas comme Journal qui raconte la vie, vie qui prend toute sa valeur écrite.

« Journal : le besoin de consigner toutes les réflexions amères, par l'étrange peur qu'on arriverait un jour à ne plus être triste... » [3]

Eh bien non, pourrait dire Camus, je vais avoir une vie riche et dense, je considèrerai l'ennui comme le pire des crimes, et le biographe de cette vie, ce sera moi : mieux, ma vie sera le biographe de mon Journal.


Notes

[1] Cioran, De l'inconvénient d'être né
[2] Camus, Discours de Flaran
[3] Cioran, Le crépuscule des pensées

mercredi 22 juillet 2009

Mercredi 22 Juillet

Mais qui ce blog de merde peut-il intéresser ?
Ses lecteurs mériteraient un prix de philanthropie, son auteur l'opprobre.

mardi 21 juillet 2009

Mardi 21 Juillet

Labeuche, ou l'union d'un boeuf et d'une vache.

lundi 20 juillet 2009

Lundi 20 Juillet

Elle : J'aimerais bien qu'un jour tu me mettes la bague au doigt
Lui : Je préfère la langue au cul, ça nettoie mieux.

dimanche 19 juillet 2009

samedi 18 juillet 2009

Samedi 18 juillet, encore

Se branler, comme se pincer pour vérifier qu'on ne rêve pas.

A propos de "Théatre ce soir" de Renaud Camus (assemblage de commentaires miens sur la SLRC)

A vouloir comprendre l'oeuvre camusienne, il nous semble que Théatre ce soir représente une allégorie nodale, se révèle enblème, syptomatique, même matricielle.
Car, de par leur nature figée, leur fonction symbolique, les personnages de cette pièce forment une somme de métonymies, parties dont le tout serait Camus lui-même. Une pièce de thétre comme microcosme égotiste omniscientiste.
Hyperboles, oxymores, pléonasmes, antinomies, mais métonymies, quand bien même par la négative.
Théatre ce soir : Camus ici aujourd'hui.
Commençons par voir le décor.
Stéréotypé (vaudeville bourgeois), médiatisé (n'oublions pas que Théatre ce soir était une émission télévisée) et caduque (en ce qu'il est conforme au stéréotype).
Notre société d'aujourd'hui, donc..
Personne ne se parle, personne n'écoute l'autre. Vaines ratiocinations. Fantasmes dans l'impasse de l'en-soi et du non-dit.
Les personnages, maintenant.
Le père.
Camus tel qu'il aurait pu être s'il avait suivi la convention, sans la liberté qu'il a conquise. L'anti-Camus d' Incomparable. Nous avons déjà abordé la question ici.
La bonne.
L'obsession de Camus, celui, entre autres, du Répertoire des délicatesses du français contemporain. Camus peut-être tel qu'il se sent, ou tel qu'il veut se montrer : relégué en bas de l'échelle et du regard sociétaux, par ou malgré son obstination à lutter pour le maintien d'un langage riche, correct et maîtrisé. Renversement des valeurs.
La mère.
Organique. Seul personnage "crédible", ancrée dans son temps (la bourgeoisie de gauche, presque un pléonasme aujourd'hui). Le contraire des opinions politiques de Camus, ce contre quoi il lutte. La mère : ce que combat Camus ?
Le fils.
L'autre combat camusien, l'autre adversaire, le langage immonde. Le fils comme « prolétarisation » (selon sa terminologie) du langage. Camus ou le refus d'être fils ?
La fille.
Le savoir poétique par le goût des citations. Le patrimoine littéraire. Ce à et sur quoi veille Camus. Mais Camus n'est pas et ne sera jamais fille. La fille est à la mode (gothique). Camus ne sera donc jamais à la mode, donc jamais dans le désir populaire contemporain.
Ahmed.
La recherche généalogique, l'obsession de la légitimité, la question de la filiation, le conflit organique/convention. Par un étranger. Camus, de par son attachement à l'Histoire, est étranger dans son propre Pays.
Le Christ.
Inintelligible. Sauf quand est évoquée son origine. Il devient alors le seul personnage à s'adresser aux autres. Sa divinité tombe. Il veut exister, se faire comprendre.
Le créateur doit, désire exister, être parmi nous. Camus aussi.
Encore faudrait-il que, à son tour, il daigne écouter et entendre ce que nous avons à lui dire.
Le rideau pourrait alors rester ouvert.
Le veut-il ?...


« Comment, demande en substance Finkielkraut, puis-je m'élever à la fois contre le triomphe de la convention dans le langage (l'"hermogénisme"), pour aller vite, et contre le triomphe de la bonne franquette, du je-suis-venu-comme-j'étais, du moi-je-dis-ce-que-je-pense et autres modalités coutumières de l'"être-soi-même" ? Comment ces deux tendances que je crois relever peuvent-elles triompher ensemble, alors qu'elles paraissent totalement contradictoires ? » (Renaud Camus, "Outrepas")
Théatre ce soir n'est-il pas la réponse à cette question qui embarassa tellement Camus ?
La convention dans le langage n'est plus culturelle, ne trouve plus ses racines dans les classes sociales, le patrimoine, n'est plus transmise par la filiation, elle est immanentisée, soumise à la mode (le fils) ou reléguée en bas de l'échelle sociale (la bonne).
Le soi-mêmisme n'est plus qu'apparence, et apparence contradictoire, qui ne révèle en rien l'être.
Hermogène et Cratyle se tiennent la main, triomphent ensemble, lorsque Cratyle devient Hermogène, c'est-à-dire lorsque la nature de l'être devient l'être nature, convention pure, c'est-à-dire un non-être.


Le Christ n'est pas à sa place dans Théatre ce soir.
Non seulement il ne connait pas l'appartement de la famille bourgeoise, mais il n'y est ni invité, ni attendu, ni remarqué. Mais il n'est pas non plus intelligible pour les lecteurs (et spectateurs), quel que soit leur "niveau syntaxique".
Peut-être donc est-il le seul personnage à ne faire partie de la Pièce que pour montrer qu'il n'en fait pas partie.
La présence inadéquate comme présence de l'absence. Mais pourquoi inadéquate ? Car non désirée. "Notre" quotidien est sans Dieu, sans Sur-Moi, le "Père" n'a rien d'autoritaire, de paternaliste, ce pourrait tout aussi bien être le "Fils", seuls les noms permettent de deviner un visage, le "Nom du Père" est vide, n'est plus que pure convention terminologique, tout le monde est seul, livré à de vains fantasmes, ratiocinations et citations jetées comme bouteilles dans l'océan de la schizophrénie.
Là où cette Pièce aurait pu se limiter à ce constat, elle dévoile en fait un pessimisme terrible : la réflexion sur la légitimité de la filiation (Nature et Culture) fait réagir le Christ, et le Christ se fait, alors, comprendre (« Oh oh... »), répondant directement au discours qui précède son intervention : le Christ devient comme nous, et perd toute légitimité, pour le coup. « Le rideau tombe violemment. » Dieu est mort. Regardez l'Humanité maintenant.


Il me semble que le Christ de Théatre ce soir fait bien pire que se contenter de constater les dégâts : il finit par succomber à leur prosaïsme.
« Qui d'ailleurs n'avait jamais touché sa femme et dont personne n'a jamais cru une seule seconde qu'il était le père de leurs onze enfants, et pour cause »
Puis « C'est comme le Christ et Saint Joseph. »
Là le Christ répond, on a touché le point névralgique : Fils de Dieu ou Fils de Joseph ? Réponse toute trouvée : non pas dans les termes de la réponse, mais dans l'efficience, l'existence, la présence d'une réponse. Jésus par là même devient homme, donc, rétroactivement, fils de Joseph.
Théatre ce soir : ou la présence d'une réaction comme absence de Présence (divine). La révélation de l'être-là comme fatalité de l'impossibilité d'au-delà.




« Le sens, de même, histrion en voyage, se reconnaît à cela qu'il s'éloigne de nous, indéfiniment, qu'il s'écarte aussi débusqué. Et pourtant « la façon dont on parle, c'est cela l'éthique » : ainsi s'achève Le Langage et la Mort. Mais que peut-il en être des peintres, alors, des sculpteurs et des "plasticiens", qui ont fait une croix sur la parole ? » [1]
Comment ne pas voir en ce passage une introduction, une sorte de genèse de Théatre ce soir ?
« la façon dont on parle, c'est cela l'éthique »
Démonstration a contrario de Théatre ce soir : les personnages parlent tous à l'inverse de ce que leur corps social, leur apparence, leur statut social le laisserait présager.
« Mais que peut-il en être des peintres, alors, des sculpteurs et des "plasticiens", qui ont fait une croix sur la parole ? »
Le Christ de Théatre ce soir lui-même n'a-t-il pas fait une croix sur sa parole (lui qui porte la sienne tel un fardeau) ?
Et l'écrivain, dès lors, n'est-il pas celui qui ôte la croix de la parole, en montrant ce qu'elle est, ici, aujourd'hui ? — inadaptée.
Et n'est-il pas, même, celui qui fait une croix de la parole ( le désormais fameux on ne peut plus rien dire du tout) ? — le sens crucifié sur l'autel des lieux communs.
« En fait ils avaient tout vu, tout ce qu'il y avait à voir, mais ils n'avaient rien vu. Ils avaient vu, ou croyaient avoir vu, qu'il n'y avait rien. » [2]
Il ne s'agit pas des apôtres, mais de plusieurs visiteurs du château de Plieux. Il pourrait tout aussi bien s'agir de spectateurs de Théatre ce soir : il n'y a pas d'action, il n'y a même pas de dialogue : il s'agit bien d'une oeuvre sacrée, où le dramaturge « a quelque chose à voir avec Ce qui n'a pas de nom » [3], certes, mais aussi ce qui est indicible : le Christ est inaudible, inintelligible.
Comment pourrait-il en être autrement dans notre monde désacralisé, où chaque espace et où chaque moment de Rien est pourchassé, honni, rempli ?
Seul l'artiste, seul l'écrivain peuvent resacraliser notre monde, redonner à voir le Rien, nous le faire sentir si proche, si intime, si désirable : en donnant du sens aux sens, en donnant des mots aux maux.
En nous faisant voir et entendre ce qu'il peut y avoir dans ce Rien, condition nécessaire de toute vie.

Notes

[1] Renaud Camus, Discours de Flaran, p.52, P.O.L., 1997
[2] Ibid., p.14
[3] Ibid., p.16

Samedi 18 Juillet 2009

« Voulez-vous sortir moi ? Aimez-vous le sexe désinvolte ? » (sic)

Voilà, entre autres choses, ce que nous propose Facebook.

"Sexe désinvolte"... Si ce n'est pas de la poésie, ça !... Mais je ne veux pas de sexe désinvolte, moi, j'aime le sexe consciencieux, Madame, et je ne vous sortirai pas, non, je vous laisserai moisir, vous et votre désinvolture, dans les oubliettes illuminées et persistantes du réseau webmatique ! !

vendredi 17 juillet 2009

Vendredi 17 Juillet

Il est à craindre que, métaphysiquement, l'Homme ne soit condamné à la branlette (et mon blog avec, et tout à fait pragmatiquement).

jeudi 16 juillet 2009

Jeudi 16 Juillet

Il est difficile de se sentir aimé : on doit répondre à une attente.
Il est difficile de ne pas se sentir aimé : on doit attendre une réponse.

mercredi 15 juillet 2009

Mercredi 15 Juillet

Rien ne sert de se remplir, il faut jouir à point.

Le néant m'habite,
Car naît en ma bite.

Rien d'autre, je suis trop plein.

mardi 14 juillet 2009

Mardi 14 Juillet

Au bal, tout à l'heure, comme toutes les fois, à tous les bals...stupéfaction.
Stupéfaction devant ces corps dansants, ces corps heureux, ces gens heureux. C'est comme un contrat débarrassé de ses oripeaux contractuels, cette affaire.
Les gens viennent, ils savent qu'il y aura de la musique, ils savent qu'il y faudra danser, ils dansent, et ils sont heureux.
Leur seule foi dans ce bonheur les rend heureux : le bonheur est bien la sensation la plus gratifiante au monde : il suffit de croire en lui pour qu'il vous honore. Nul besoin de le chercher : il suffit de l'appeler.
Mais l'appeler n'est pas si simple. C'est pourtant enfantin, mais l'enfance est si compliquée, pour qui a toujours été vieux con.
J'ai beau chercher, je ne me souviens pas d'avoir été enfant. Un enfant, oui, mais enfant, ça, non. Enfant, c'est un corps qui rend heureux.
Et j'ai beau chercher, encore et toujours, dans l'abîme de ma conscience, mon corps, qui m'a fait traverser d'innombrables émotions, ne m'a jamais fait connaître le bonheur.
Corps de vieux con.

lundi 13 juillet 2009

Inadapté, voilà ce que je suis.
Quand je suis avec des ignares, je bénis la culture, et lorsque des gens cultivés viennent à moi (s'étant trompés de chemin), je voudrais m'enfuir.
Je cherche la solitude et, quand je la trouve, je hurle; — Personne ne m'aime, donc, pour que je sois si seul ?!
Je cherche le contact et, peau contre peau, je suffoque : de l'air ! de l'air !
Je veux montrer que j'aime et, rien qu'à m'approcher, ma caresse devient gifle; je croyais pourtant caresser, mais non, ma main a fait mal; je croyais complimenter, mais non, ma langue a insulté; je croyais embrasser, las, ma bouche a craché. Enlacer — étranglé j'ai.

dimanche 12 juillet 2009

Dimanche 12 juillet 2009

Je reviens d'une randonnée de 15 km avec ma fille sur les coteaux rabastinois, lever à 4h30, et petit-déjeuner à la ferme succulent au passage. Temps magnifique, chevreuils, campagne relativement préservée, ma fille heureuse et qui grandit. Qu'en dire d'autre ? Les mots ne dénatureraient-ils pas plus qu'ils ne raconteraient ? Comment "raconter" cela ?


J'ai toujours la fâcheuse impression que je suis incapable d'exprimer par les mots ce que j'aimerais être capable de ressentir pleinement par les sens.
Comment être dans l'instant, et comment écrire cet instant ? Comment être à la hauteur du réel ? Comment ne pas rendre banal quelque chose qui ne l'est pas mais qui, écrit, pourrait tendre à l'être ? Comment faire vivre par des mots qui appartiennent à tout le monde des émotions qui n'appartiennent qu'à moi - car les émotions ne se partagent jamais, c'est là leur drame, et c'est là leur grandeur - ?

C'est qu'il faut être écrivain, et je ne le suis pas.